Mes voyages ne sont pas toujours roses
Oh my god, je relis ce blogue avant de le post et j’en ai des frissons. Je m’ouvre à toi, car je crois au plus profond de mon cœur que c’est la voie, la seule façon de faire. Tu me vois sourire constamment sur les réseaux sociaux, être entouré de plein de merveilleuses personnes, visiter des lieux magiques et en même temps, l’Inde m’a fait rencontrer plein de résistance et de moment difficile. J’ai comme philosophie qu’il y a toujours du beau dans le laid, que les choses sont telles quelles, ni bonnes, ni mauvaises. J’ai tous les outils du monde pour libérer des tensions, des émotions, du stress ; le breathwork, la médiation, le journalling, le sport, le yoga, bref je suis tellement outillé et habituellement, ça m’aide à tout traverser, continuer d’avancer, garder espoir.
Jusqu’au jour où j’ai visité l’Inde.
Je te donne un peu de contexte. Depuis que j’ai 15 ans que je lis sur l’Inde, sa philosophie, le yoga, la méditation, leur vision de la vie et la mort, bref tout ça résonne avec moi bien plus que la philosophie occidentale. Dans ma tête, je construis une sorte d’illusion que l’Inde est ma maison, ma destination finale, que mes âmes sœurs sont là-bas. C’est pourquoi je garde ce pays comme en banque, pour que quand j’ai vraiment besoin d’aller me régénérer, connecter, je vais y aller.
Haha, en écrivant ça, je me rends compte de la grandeur de mes attentes face à ce voyage.
Arrive le moment que je le RESSENS dans tout mon corps. J’entends l’appel de l’Inde.
Je manifeste mon voyage en Inde. Le lendemain, Doshayoga m’écrit : « Yo Mich, veux-tu aller animer une retraite en Inde? »
Les étoiles sont alignées, Mercure doit plus être en rétrograde. Les licornes dansent sur Vénus. Je dis OUI!
Comme pour tous mes voyages, je ne me renseigne pas. Je fais confiance à mon intuition, je vais suivre les signes.
C’est le début des 75 jours le plus difficile de ma vie.
Est-ce qu’il est arrivé 1 évènement précis super difficile?
Non.
Mais, quand j’ai fait mon traditionnel journalling postvoyage, j’ai écrit 3 pages de difficultés rencontrées.
Est-ce que je fais pitié?
Non, à tout moment je faisais le choix de rester dans mes résistances.
Bref, j’ai réussi à les résumés en quelques catégories principales.
Ç’a commencé doucement, je suis arrivé en Inde dans la partie facile, soit Goa. Je m’étais loué une chambre dans une ville que je ne connaissais pas, rappelle-toi que je fais tout par feeling. C’était les derniers jours de Diwali, un gros festival annuel de 5 jours avant de débuter la nouvelle année indienne.
La ville était bondée d’Indien. Ce que je ne savais pas, c’est qu’il voyage beaucoup à travers leur propre pays et que j’étais pratiquement le seul blanc dans toute la gang. Le début de la prise de photo à commencer. Partout où j’allais, les gens me suivaient du regard, hésitaient pendant 10 minutes avant de venir me demander de prendre une photo avec eux, me filmaient à distance. J’ai même fait une entrevue en anglais avec un professeur de l’Inde qui voulait le montrer à ses élèves. C’était le début du réveil d’un des pires sentiments à l’intérieur de moi.
Soit celui de me sentir étranger, différent, qui ne fait pas partie du groupe. AKA le sentiment de Rejet. Ce sentiment prendrait sournoisement de l’ampleur plus que le voyage avance. Le manque de connexion humaine pour moi est difficile. J’ai besoin de cette chaleur et amour là pour pouvoir vivre.
Ensuite, on dit qu’en Inde, il parle bien l’anglais, mais honnêtement, c’est pas vrai. Ce qu’ils savent dire :
Where are you from?
Are you married ? ( si tu réponds non à cette question, tu es encore plus un extraterrestre, parce que là-bas tout le monde est marié. Suivi de la question : How old are you? Et d’un regarde d’incompréhension vu que j’ai 35 ans et je ne suis pas marié)
Do you have family?
What your job?
Une fois que tu as répondu à ces questions-là 5 fois, tu as fait le tour et mon désir de communiquer avec eux est presque complètement disparu. Je me rends compte que j’aime les conversations profondes qui peuvent mener à quelque chose. Cet Élément-là a fait ressortir un autre point douloureux de mon expérience, soit la solitude.
La solitude m’amène trop d’espace, trop d’espace me donne le temps de tout remettre ma vie en question et tout remettre ma vie en question est difficile parce que je pense que c’est l’extérieur que je dois changer pour enfin trouver la paix d’esprit intérieur. Haha!
Voilà la boucle dans laquelle je perds tellement de temps et d’énergie.
Je finis par consommer tous les vidéos YouTube possibles, jouer aux échecs sans arrêt et perdre mon temps.
Ouch! Je ne suis pas aussi parfait que les gens pensent!
Maintenant, mon plus gros défi en Inde!
Roulement de tambour!
La gestion de la température et de l’eau! Je t’explique, l’eau me suit partout. Je rends la vie autour de moi mouillée, c’est un super pouvoir et une curse!
Partout où je vais, il y a toujours quelque chose qui arrive en relation avec l’eau. Honnêtement, c’est un miracle que je ne sois pas mort à cause d’un tsunami encore.
Presque toutes mes chambres en Inde avaient de l’eau qui coulait quelque part, de la moisissure dans les coins ou tellement d’humidité que je gelais!
Rappelle-toi, je quitte le Québec l’hiver parce que je n’aime pas le FROID!
Et dès le début de mon voyage, il a commencé à faire froid, ça s’est installé progressivement, sournoisement. D’abord à Munnar dans les montagnes. J’ai trouvé ça drôle et à la limite plaisant. Mais une semaine plus tard, j’allais commencer mon périple dans le nord et c’est à Agra, devant le Taj Mahal que j’ai commencé à devoir toujours m’habiller avec tout le linge chaud que j’avais, soit un coton ouaté, une paire de pantalons et un manteau patagonia.
On dit souvent : « il ne fait jamais trop froid, c’est nous qui ne sommes pas assez habillés». Je suis maintenant 100% d’accord.
J’ai passé les 45 jours suivants à avoir pratiquement constamment froid. J’ai aussi commencé à avoir une énorme douleur au bas du dos, qui m’empêchait de bien bouger et un ventre constamment inflammé ( il y a des produits laitiers dans tous les repas et les drinks).
Et mon inconfort interne a continué de grandir.
Le froid, la douleur, l’inconfort digestif.
Prenant toute mon énergie et ma patience.
Ma joie de vivre de plus en plus loin, de plus en plus inaccessible.
…
Fatigue, perte de motivation, dispersée.
Et quand ça devient la réalité, c’est difficile de se rappeler comment c’était avant.
Je pouvais comprendre les gens qui tranquillement sombrent dans la dépression ou même le burn-out.
Je te dis tout ça, pas pour avoir de la compassion ou quoi que ce soit, mais plus pour m’ouvrir à toi et te montrer que parfois mes voyages sont initiatiques et pas seulement amour et joie!
Aujourd’hui je t’écris cet article assis au milieu d’une petite jungle à l’intérieur d’un café thaïlandais, à Koh Tao.
Mon bas du dos va mieux, ma digestion aussi.
Je suis nu pied, en chest, la vie est belle, mais je process encore tout ça.
Je le digère, je l’absorbe et j’apprends.
C’est un chemin, c’est un jeu.
Je m’aime, je t’aime.
Inspire, expire.
Donne, reçois.
Mic.